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4 ans agoon
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La RedactionDans une interview exclusive accordée ce 1er juin 2021 à Lemandat.cd, le Président de l’Association africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), Jean-Claude Katende, donne sa voix sur les grandes questions qui préoccupent actuellement l’opinion nationale. L’activiste critique sans complaisance la stratégie mise en place par le Gouvernement et le Chef de l’État pour gérer la crise de l’Est laquelle exige, à l’en croire, la prise en compte d’une double dimension nationale et régionale. Et pense qu’une visite du président Félix à Goma serait d’un grand réconfort pour les victimes de Nyragongo. Une interview à lire absolument.
Le Mandat : Pensez vous pas que le président felix Tshisekedi soit en train de perdre chaque jour le contrôle de la partie Est du Congo ?
JC Katende : Je ne pense pas que le président de la République soit en train de perdre le contrôle de l’Est de la République.Il faut noter que le sentiment nationaliste est très fort à l’Est de notre pays.Il n’y a personne qui puisse accepter que le Congo soit divisé, ou qu’une partie du Congo lui soit amputée.En commençant d’abord par nos frères et sœurs de de l’Est de la République qui sont , en premier, contre la balkanisation.Un point positif. Quant à ce qui concerne le contrôle,je ne partage pas le point de vue du Gouvernement et du président de la République sur le fait que l’état de siège soit une solution à l’insécurité qui se passe à l’Est de notre pays. Pour moi, l’État a de siège doit être l’une parmi plusieurs stratégies mises en place. Parce qu’il faut absolument une solution qui intègre la donne nationale,ce que nous avons dans notre pays ,des hommes et des femmes qui profitent de ce qui se passe à l’Est du pays,ils sont derrière les groupes rebelles.Le président de l’Assemblée nationale avait déjà dit, malheureusement la révélation a été aussitôt mise de côté pour des calculs tout à fait politiciens.
Il faut aussi tenir compte de la donne régionale.Le Rwanda et l’Ouganda ont intérêt à ce que l’Est de notre pays soit insécurisé. Comme je l’ai dit à plusieurs occasions. Aujourd’hui, l’économie rwandaise tient debout grâce aux pillages des ressources naturelles en République démocratique du Congo.Donc tant que l’insécurité persistera à l’Est du Congo, l’Ouganda et le Rwanda continueront à tirer le profit,par ce que le développement économique du Rwanda aujourd’hui n’est basée sur aucune donnée économique ou financière qui dépendrait du Rwanda directement.Donc tout compte fait, teil faut tenir compte de cette donne là.
Est-ce que le président de la République a perdu le contrôle de l’est de notre pays,je ne pense pas,il est en train à sa manière de faire d’effort pour que l’Est soit contrôlé,mais je crois qu’il faut une solution qui intègre la donne nationale et régionale.
Le Mandat : Quelle est votre analyse concernant la situation de la population de Goma victime du volcan Nyiragongo?
JC Katende : En ce qui concerne ce qui se passe à Goma, faut noter avant tout que c’est de la négligence du gouvernement congolais,que cette situation qui se passe aujourd’hui à l’est met les populations dans une situation d’insécurité dans tout le niveau.Comme vous le savez,le volcan Nyiragongo et la ville de goma sont et seront toujours là.Il faut donc chercher une cohabitation entre les deux, mais cette dernière passe avant tout par la surveillance du volcan.Et, pour que cette surveillance soit assurée de manière permanente,il faut que les scientifiques qui s’occupent de cette question, soient dotés de moyens matériels et financiers, qui permettent de faire régulièrement leur travail .Fort malheureusement, nous avons appris que depuis le mois d’avril,ce dernier ont demandé des moyens au gouvernement pour assurer ce travail, rien a été fait.
Nous étions tous surpris que le président de la République appuie sur la thèse de la surprise, dans un monde aussi avancé en technologie. Gouverner c’est prévoir.Le gouvernement,doit faire son travail, celui de donner de moyens, pour permettre à ce que le travail soit fait. Maintenant que la situation est arrivée,le gouvernement a demandé par le canal du gouverneur militaire ,aux gens de pouvoir se déplacer, il revenait au Gouvernement,de dénombrer les gens,et de savoir combien vont aller , à Saké dans le Masisi ou au Rwanda voisin,etc. Cette donne est importante pour pouvoir déterminer l’aide aux congolais qui se déplacent pour des raisons de ce volcan. Maintenant nous nous rendons compte que, l’obligation de quitter Goma a été faite à certains quartiers, mais les mesures d’accompagnement n’ont pas été prises.C’est une défaillance que le gouvernement congolais doit réparer.
« Je ne peut partir à Goma jusqu’à ce que les aéroports seront ouverts », a déclaré Félix Tshisekedi. Quel est votre commentaire ?
Je pense que le Président de la République a raison à moitié,car il peut aussi utilisé l’aéroport de Kigali,par ce qu’il dit que Kagame c’est son frère.Il peut aller atterrir à Kigali,et prendre un petit porteur jusqu’à Ghyseny et entrer à Goma ou aller à Bukavu pour pouvoir assister la population.Je pense que dans les conditions actuelles, quelle que soit l’aide qu’on peut apporter aux sinistrés,la présence du Président de la République est un réconfort important, surtout pour une région qui a beaucoup souffert de l’insécurité,et aujourd’hui il y a les dégâts causés par le volcan,la présence du Président sera un soulagement.
Le Mandat :Êtes-vous d’accord que rien ne marche actuellement en RD Congo ?
Jean Claude Katende : Je ne pense pas que nous pouvons dire que rien ne va.Le président Félix Tshisekedi a hérité du Président Kabila un pays piégé par l’insécurité,le problème économique et politique. Aujourd’hui le Président et son gouvernement font face à toutes ces situations. Il y a des progrès à signaler, comme des choses qui ne marchent pas,mais je ne suis pas personnellement d’avis que le Président et son gouvernement peuvent résoudre tous les problèmes légués par Joseph Kabila en un seul mandat. L’important pour le Président, c’est de poser certaines bases qui donnent de signaux clairs que nous sommes entrain de quitter ce que le pays connaissait sous le président Kabila pour aller dans la bonne direction.Je dirais notamment quant à ce qui concerne la situation des droits de l’homme, c’est vrai qu’il y a des choses à déplorer,mais je crois que la situation actuelle n’est pas à comparer à celle que nous avions sous Kabila. En ce qui concerne la lutte contre la corruption, je sais que le combat est très long,dans ce pays, aujourd’hui nous constatons qu’il y a quand même des ministres poursuivis ,de haut fonctionnaires de l’État qui rendent des comptes.Rendons hommage à l’IGF qui fait un travail impressionnant pour aider la justice et les autorités congolaises à pouvoir agir contre le détournement public et la corruption.Nous allons dans la bonne direction ».
Israël Senga