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2 ans agoon
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La RedactionC’est déjà devenu un secret de polichinelle que dans les pays des Grands Lacs, le tripatouillage des constitutions est comme une gymnastique prisée qui obéit à un processus qui est presque analogique.
Tous les coups sont permis dans le but de rester au pouvoir. En Ouganda, en RDC, au Rwanda, et au Burundi. Le constat est clair. Tripatouillage de la loi fondamentale, refus catégorique d’organiser des élections alors qu’on est en fin de mandat, déclarations d’intention, etc. Ces pouvoirs mettent tout en œuvre pour se procurer un nouveau mandat généralement illimité.
Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986 après avoir renversé le général Tito Okello, est à son 5ème mandat, après avoir été réélu en 2016. À la prochaine échéance électorale, en 2021, Museveni aura 76 ans. Il sera frappé par la limite d’âge instaurée par la Constitution. En 2017, le Parlement ougandais avait fait sauter le verrou constitutionnel qui limitait l’âge du candidat à une élection présidentielle à 75 ans. « Des amendements visant à demeurer au pouvoir », avait dénoncé plusieurs opposants à cet effet.
Au Rwanda, Paul Kagamé élu président en 2000 par le Parlement, a été réélu au suffrage universel en 2003, en 2010 puis en 2017 pour un troisième mandat, pourtant la Constitution est claire en la matière. Après deux mandats consécutifs, le président devrait céder son fauteuil. Par contre le président Kagame a bafoué la Constitution de son pays pour pouvoir se représenter. Désormais avec la nouvelle constitution, il lui est possible d’enchaîner deux nouveaux mandats.
Au Burundi, une réforme nouvellement adoptée renforce les pouvoirs de Pierre Nkurunziza. La nouvelle Constitution permet au chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2005 et réélu en juin 2010, puis en 2015, de briguer deux mandats de sept ans à partir de 2020. Il n’a pas encore formellement annoncé qu’il se représenterait, mais cela ne fait pas l’ombre d’un doute.
Comment font-ils pour y parvenir ?
Tout compte fait, la modification des constitutions est devenue l’affaire de toute l’Afrique centrale mais spécialement au sein des pays des Grands Lacs. Cela obéit à une logique pensée et mise en place par ces dirigeants assoiffés du pouvoir.
Selon un jeune analyste, étudiant à l’Institut Facultaire des sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC), ces présidents utilisent six méthodes coriaces pour s’éterniser au pouvoir. Il s’agit, notamment, du maintien du peuple dans la pauvreté, de la mise en place d’un service spécial pour traquer la population (police politique), de la personnalisation de l’armée nationale, de la création des plateformes pro-régime et des opposants de façade, de l’obtention de l’aide d’une grande puissance comme carapace ou bouclier, la distraction de la galérie internationale par des propagandes politiques ainsi que le soutien aux groupes rebelles pour combattre leurs voisins.
Ces chefs d’États devenus extrêmement riches maintiennent le peuple dans la pauvreté. Ils privent une grande partie du peuple de l’accès aux services sociaux de base et mettent en place un service spécial (police politique) pour traquer les manifestants ; mais aussi ceux qui sont populaires et capables d’apporter des soutiens et des éléments de conscientisation au peuple, pour un changement, pour une alternance crédible, notamment, les activistes, les défenseurs des droits de l’homme, les leaders de la société civile et les opposants politiques loyaux. En l’occurrence, les arrestations de l’opposante Diane Rwigara au Rwanda, des activistes du mouvement citoyen de la Lucha (lutte pour le changement) et des journalistes en RDC sous l’ancien régime ou encore celle des opposants en Ouganda, etc.
Par ailleurs, ils personnalisent leurs armées nationales. Ces forces militaires, au lieu de défendre leurs peuples, se transforment malheureusement en une soldatesque au service d’un homme. Ils tirent à balles réelles sur les manifestants qui réclament leurs droits à l’éducation, à la santé, à l’accès à l’eau potable, à l’emploi, etc. L’on se souviendra de la violente répression de manifestations contre un 3ème mandat de Nkurunziza au Burundi.
Plateformes pro-régime
Cependant, des plateformes pro-régime sont créées et mises devant les caméras afin de distraire le peuple et la communauté internationale pour donner tonus à leurs régimes coercitifs.
Parallèlement, des partis politiques pro-régime qui obéissent et se plient aux ordres donnés par leurs régimes coriaces sont également mis en place. Des partis qui stigmatisent la conscience du peuple et des partis politiques, afin de diviser le peuple. Ces partis sont doués dans les achats de conscience. Nous citerons les Imbonerakure, une «milice» de Nkurunziza au Burundi, etc.
Une fois la population clochardisée, les richesses nationales sont mises à la disposition des grandes puissances qui protègent ces régimes pour leurs intérêts. C’est pourquoi malgré les cris du peuple et les contestations des leaders politiques, des sociétés civiles les grandes puissances qui sont devenues des boucliers gardent leurs silences. L’on constate des activistes emprisonnés, des journalistes tués, des opposants incarcérés et ceci, à la grande indifférence de la « communauté internationale » ou encore de « l’ONU ».
Soutien aux groupes rebelles pour combattre leurs voisins
Le président Rwandais Paul Kagame est accusé par son voisin la RDC d’appuyer les rebelles du M23 dans les massacres dans l’Est de sa contrée. Une accusation confirmée par un groupe d’experts des Nations-unies, qui ont affirmé avoir des preuves solides que les troupes rwandaises combattent aux côtés du groupe rebelle M23 dans l’Est de la RDC et qui lui fournissent des armes et un soutien.
Enfin, ces pouvoirs cherchent à distraire la communauté internationale par des accords, des sommets, etc. Ils envoient partout leurs représentants dans des sommets internationaux. Et pendant ce temps, tout est mis en place pour peaufiner des stratagèmes qui leur permettront de rester en place. « En tout cas, au regard de cette analyse, les pays des Grand Lacs ne font pas exception », conclut un observateur averti de la région.
Tshisekedi emboîtera-t-il les pas ?
Pendant ce temps, en RDC, bien que l’actuel président de la RDC Félix Tshisekedi est encore dans son premier mandat, mais l’incertitude commence à planer au respect du délai constitutionnel à quinze mois de l’échéance. Le Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD) a, dans un document de 88 pages daté du juin 2022, fait état d’un énorme risque de « glissement de calendrier ».
A qui profiterait le report de la consultation populaire ? L’actuel chef de l’Etat a l’obligation de tenir sa promesse qui est la tenue des élections dans le délai constitutionnel, car à chaque fois qu’il est interrogé sur les prochaines échéances, Fatshi a toujours rassuré qu’elles auront lieu dans le délai.
NK